Octobre Rose : redonner du sens à la vie après la maladie

Octobre Rose : quand la parole devient un soin à part entière

Octobre Rose, c’est bien plus qu’un mois de prévention.
Derrière les rubans roses et les campagnes d’information, il y a des histoires de vie, de peur, de courage et de silence.

Un diagnostic de cancer du sein, c’est un choc. Une annonce brutale, comme une épée de Damoclès qui suspend le temps.
En quelques secondes, tout ce que l’on pensait immuable s’effondre.
Et soudain, la définition même de la vie change.

Quand le corps ne nous appartient plus

Commence alors le protocole médical, rythmé par les examens, les traitements, les opérations.
Notre corps devient un terrain de soins, observé, manipulé, souvent épuisé.
Peu à peu, il ne nous appartient plus tout à fait.

Les effets secondaires, la perte des cheveux, parfois l’ablation…
Tout cela vient ébranler profondément l’image de soi.
Certaines femmes me confient avoir eu le sentiment de perdre non seulement leur féminité, mais aussi une part de leur dignité.

Le poids du silence

Ce que j’ai souvent observé en accompagnement, c’est la peur silencieuse.
Chacune essaie de protéger l’autre.
On tait sa propre angoisse pour ne pas inquiéter ses proches.
On garde pour soi la colère, la fatigue, les larmes, parce qu’on veut “être forte” — pour les enfants, pour le conjoint, pour les parents.

Et petit à petit, la solitude s’installe.
Une solitude paradoxale, parfois au cœur même de l’amour et de la présence.
Cette souffrance invisible est souvent la plus lourde à porter.

Mettre des mots, c’est déjà prendre soin

Mettre des mots sur ce que l’on vit, c’est un premier pas vers la douceur.
Dire “j’ai peur”, “je suis fatiguée”, “je ne me reconnais plus”, ce n’est pas se plaindre — c’est se reconnaître.
La parole, même tremblante, même maladroite, ouvre un espace de libération.

Dans mon cabinet à Brignoles, j’ai accompagné des femmes qui ont retrouvé un souffle simplement parce qu’elles ont pu oser dire.
Dire leur colère, leur tristesse, leur peur de la mort, mais aussi leur espoir, leur gratitude d’être encore là.
Ces mots-là sont souvent aussi puissants que les soins médicaux.

Un espace intérieur pour se retrouver

Dans mon accompagnement, j’offre avant tout un espace de réconfort et d’apaisement, soutenu par différents outils thérapeutiques adaptés à chaque personne.
Un lieu où il est possible de déposer ce que l’on ressent, sans jugement, sans masque, sans devoir être “forte”.

Peu à peu, la personne retrouve un lien avec son corps, différemment.
Elle apprend à l’écouter, à le respecter, à le regarder avec bienveillance — même lorsqu’il a été abîmé.
Cet espace intérieur, fait de présence, d’écoute et de bienveillance, permet de se reconnecter à ce qui est vivant en soi, malgré la douleur, malgré la peur.

C’est un chemin vers soi, vers une paix subtile qui dépasse les mots.

Le retour à la vie : un nouveau regard

Et puis vient l’après.
Le retour à la vie “normale”.
Mais rien n’est vraiment comme avant.

Quand on s’est approchée de la fin, la vie prend un autre sens.
Les priorités changent, les envies aussi.
Certains projets n’ont plus d’importance, d’autres apparaissent comme une évidence.

Ce nouveau regard peut parfois créer un décalage avec l’entourage, qui pense que “tout va bien maintenant”, alors que le vrai chemin de reconstruction commence à peine.

Retrouver le sens, ensemble

Accompagner ces femmes m’a profondément marquée.
Elles m’ont appris la force de la vulnérabilité, la puissance de la parole, et cette incroyable capacité humaine à renaître autrement.

Alors, en ce mois d’Octobre Rose, j’aimerais rappeler ceci :
le dépistage sauve des vies, mais la parole, elle, sauve l’âme.

Osez dire.
Osez demander du soutien.
Osez être écoutée.

Si vous traversez cette épreuve, ou si vous accompagnez quelqu’un qui la vit, rappelez-vous :
parler, c’est déjà prendre soin.
Et parfois, une simple écoute bienveillante peut tout changer.